EDMONTON | Le plaisir de couvrir une finale dans un marché canadien, c’est que, à défaut de pouvoir profiter du soleil comme le collègue Dave Lévesque, il est facile de s’imprégner de l’ambiance des séries.
Dans la capitale albertaine, tous les bars et restos du coin ont leur «watch party». Même sur Whyte Avenue, populaire rue festive située dans le quartier Old Strathcona, tout juste au sud de la rivière Saskatchewan.
Mais c’est dans le Moss Pit, à l’ombre du Rogers Place, que je suis allé voir les Oilers tenter de provoquer la tenue d’un match ultime.
Avec un peu de chance, j’espérais croiser Mama Stanley, cette dame déguisée comme le précieux trophée que l’on voit sur tous les réseaux qui présentent les matchs de cette finale.
Quand la foi chasse la nervosité
Pas besoin de chercher longtemps. Deux heures et demie avant le match, elle se trouvait parmi les centaines de partisans qui faisaient la file sur plusieurs pâtés de maisons.
«Ils vont gagner ce soir. J’en suis persuadée», a-t-elle lancé, d’entrée de jeu, en me voyant m’approcher.
«Ah oui! Vous avez l’air pas mal sûre de votre coup. Vous n’avez même pas l’air nerveuse.»
«J’y crois. Et quand on y croit, il n’y a pas de raison d’être nerveux», a-t-elle répondu en précisant qu’elle arbore ce déguisement à chaque match de séries éliminatoires depuis trois ans.
Si, quelques fois, on a pu l’apercevoir à l’intérieur de l’édifice, que ce soit dans une loge ou derrière le banc des Oilers, elle préfère s’entourer des partisans du Moss Pit.
«Je préfère l’ambiance qui règne à l’extérieur. En plus, quand je vais à l’intérieur, je reçois des messages de personnes qui me disent que, quand ils ne me voient pas dans le Pit, ils perdent espoir.»
Hé oui! Mama Stanley est devenu une légende à Edmonton. Une légende selon laquelle elle attend le retour de son fils depuis 1990, un clin d’œil à la dernière coupe des Oilers. Mais la réalité, elle, est un peu plus triste.
Cette coupe de 1990, Mary Loewen, de son véritable nom, l’avait célébrée avec son fils.
«Il est décédé depuis, mais il m’accompagne toujours», a-t-elle indiqué en désignant le pendentif dans lequel se trouvent des cendres de son défunt fils.
On y a cru
Mama Stanley détonne, mais elle n’est pas la seule à afficher de l’entrain.
En plus des partisans qui font la queue, des automobilistes et des motards ont fait sentir leur présence en rinçant leur moteur.
Les voitures électriques sont rares au pays du pétrole.
D’ailleurs, des camionnettes dans les boîtes desquelles étaient installées des mini stations de forage pétrolier et des répliques de la coupe Stanley en papier d’aluminium faisaient le tour du quadrilatère, la musique dans le tapis.
On a fait jouer Don’t Stop Believin de Journey. Manifestement, on avait encore foi aux chances de voir Connor McDavid et ses coéquipiers provoquer la tenue d’un septième match.
Justement. À quelques heures du début du match, on y croyait toujours.
«C’est certain que ça s’en va en sept. J’ai toujours eu confiance. J’avais même confiance à l’époque où ils étaient négligés», a lancé Kevin Follett.
«Mais ça va prendre un effort de tout le monde. Il faut que ça patine, en partant, comme ils sont capables de le faire», a-t-il ajouté.
Une prophétie
Disons que l’espoir a été de courte durée. Sam Reinhart a rapidement jeté une douche froide sur les partisans albertains en marquant sur le deuxième tir des Panthers. Un but qui, à ce moment, semblait donner raison à un partisan rencontré quelques minutes plus tôt.
«Je ne comprends pas pourquoi ils ne reviennent pas avec Calvin Pickard. Stuart Skinner? Il n’a pas d’affaire dans le net!» avait lancé Grady McDougall de façon presque prophétique.
Étouffés par les Panthers, les favoris de la foule ne lui ont pas donné beaucoup d’occasions de se manifester. Il a fallu que le maître de cérémonie travaille fort pour garder un certain degré de festivité dans cette ambiance qui se ternissait à mesure que le match avançait.
Des efforts qui sont tombés à plat quand Reinhart a marqué son deuxième but du match, qui portait le pointage à 3 à 0 pour les Floridiens. Le vent s’est levé sur Edmonton, la majorité des partisans sont partis.
Seuls les plus irréductibles ont enduré le supplice jusqu’à la fin, dont Mama Stanley.